5h43 : le réveil sonne. Une nouvelle journée qui m’attend en tant qu’agent en centre sportif. Et toujours cette sensation de ne pas être à ma place. De ne pas être épanoui professionnellement.
Pourtant, des expériences professionnelles, ce n'est pas ce qui me manque.
Arrivé en terminale, j’ai compris que les études n’étaient pas faites pour moi (ou que je n’étais pas fait pour les études, comme tu préfères).
Je prends donc ma retraite étudiante et mets cap vers l’Andalousie. J’y passe au total plus de 3 ans et travaille en tant que serveur dans un restaurant gastronomique. Une expérience enrichissante, d’autant plus que cela m’a permis de parler l’espagnol couramment.
À mon retour en France, je collectionne les jobs : magasinier, vendeur en électroménager, facteur, et enfin, gardien en centre sportif. Mais rien n’y fait, je ne trouve pas ma voie.
Les journées s’enchaînent, jusqu’au jour où, avec ma femme, nous avons eu nos 2 enfants : un garçon et une fille. Si tu es parent, tu seras d’accord avec moi pour dire que les enfants (du moins, les bébés), c’est un excellent moyen de nous faire aimer le café.
(Oui parce que du haut de mes 34 ans, je n’ai jamais aimé le café. Un comble non ? À cette époque, boire du café se résumait en 3 mots : amère, brûlé, désagréable. Autrement dit, ma consommation était faible)
Alors quitte à boire du café, autant essayer d’en trouver un pas mauvais…
Une rencontre inattendue
Un beau jour, en 2015, je me rends chez un torréfacteur, situé à quelques pas de mon travail.
Le propriétaire (un amoureux du métier), qui est en pleine préparation, me fait découvrir les origines du café, ses différents profils aromatiques ainsi que ses terroirs. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est passionnant !
Subjugué par la richesse de ces grains dont je ne connaissais aucune vertus quelques minutes avant, je suis envoûté par cet univers.
Je lui parle de ma relation compliquée - pour ne pas dire forcée - avec le café. D’un air confiant et amical, il me suggère une dégustation improvisée.
Curieux, je goûte un café du Guatemala qu’il me tend avec conviction.
C’est le choc.
Je n’oublierai jamais cette saveur… ou plutôt… son goût chocolaté ! Un délice. Enfin un café qui me correspond et qui m’apportera la caféine dont j’ai besoin.
Je retourne chez moi les poches pleines de café et la tête pleine d’ambition.
Cette première gorgée marque le début de l’aventure Café Guzo (en parallèle de mon travail).
Une arnaque qui m’a coûté cher
Encouragé par ma femme et mon entourage, je décide de concrétiser mon projet : acheter un triporteur et partir à Paris dans les lieux touristiques pour vendre du café.
Encore faut-il trouver un triporteur.
Après quelques recherches, j’en dégote un pas trop mal à un jeune entrepreneur belge. L’aventure peut enfin commencer !
Ou pas.
Il se trouve que je n’ai jamais reçu le triporteur, tout comme plusieurs autres personnes. En réalité, je suis tombé sur une arnaque en chaîne. Une arnaque qui m’a coûté 11000€ sans compter les frais d’avocat.
(Oui parce qu’on est allé en justice mais ça n’a pas abouti…)
Cela marque ma première expérience entrepreneuriale. Tout n’est pas rose. Il y a des hauts mais aussi des bas. Et c’est dans les bas qu’il faut faire preuve de résilience.
Désormais, il faut rebondir et se rembourser. Adieu l’idée du triporteur.
(Petite aparté : tu te demandes peut-être pourquoi j’ai choisi le nom “Café Guzo” ? Je vais y revenir plus loin dans l’article)
Qui dit remboursement dit rentré d’argent. Je maintiens donc mon activité salariale qui évolue entre agent de centre sportif, à surveillant de travaux pour la ville de Paris, puis à conducteur de travaux pour une société privée.
Il ne me reste qu’un créneau à consacrer à Café Guzo : les week-ends. Je m’oriente alors vers les marchés, et plus particulièrement les marchés de la Vallée de la Marne.
(Je tiens d’ailleurs à remercier mon beau-frère qui a fabriqué mon premier comptoir mobile Café Guzo)
Les premiers résultats ne sont pas fameux. À tel point qu’en novembre 2017, je bifurque au Marché de la Porte Dorée à Paris. Ici, la demande est forte et l’aventure prend forme, puisqu’en juillet 2021, Café Guzo est présent sur un deuxième marché - celui du cours de Vincennes.
La lumière pointe le bout de son nez
L’activité salariale entraîne une évolution lente de Café Guzo. Lente, oui, mais une évolution quand même.
En plus des marchés, je participe à des projets événementiels et apprends l'existence d’un atelier collaboratif (The Beans On Fire) où il est possible de torréfier son propre café.
Ni une ni deux, je choisis mon café auprès du sourceur et importateur BELCO et torréfie mes propres cafés pour les vendre ensuite sur les marchés parisiens (en boisson et en sachet).
En 2020, le virus mondial est là, et le confinement oblige : fermeture des marchés. Comme la plupart des entreprises, le passage au digital devient une nécessité.
Après une première version ratée du site sur WordPress, on bascule ensuite sur Shopify. C’est l’occasion de se refaire une beauté : nouveau site, nouvelle identité visuelle, nouveau logo et nouvel univers (moins porté sur le voyage et plus sur la notion d’impact positif).
Ainsi, Café Guzo ne se définit plus seulement comme une marque de café qui fait voyager, mais comme une marque engagée - et cela, à plusieurs niveaux :
- socialement : Café Guzo participe à l’insertion professionnelle des personnes éloignées de l’emploi dans les quartiers populaires.
- écologiquement : Café Guzo s'inscrit dans une démarche de respect de l’environnement et de valorisation des déchets.
- savoureusement : Café Guzo propose des cafés fraîchement torréfiés de terroirs et provenances variés, à boire seul ou à plusieurs.
On retrouve ces valeurs dans l’essence même du café (créateur de liens, de partages et de rencontres). C’est pour cette raison que je souhaite les véhiculer à travers Café Guzo.
L'engrenage est lancé !
Les perspectives futures
À l’heure où j'écris ces lignes, on démarre 2023. À ce jour, j’ai quitté mon activité salariale et consacre 100% de mon temps à Café Guzo et à son développement.
Je peux désormais voir mes objectifs à la hausse en commençant par l’ouverture d’un coffee shop d’ici fin 2023. En effet, j’ai lancé une campagne Ulule en avril 2022 qui a connu un véritable succès (objectif financé à 150%) ! Après plusieurs tentatives non-abouties, je compte bien faire de ce rêve une réalité.
Le second objectif est de devenir formateur certifié pour développer mon offre de formations au sein de L’école du Café Guzo, et ainsi former les participants au métier de barista, et par conséquent, contribuer à l'insertion professionnelle des personnes dans le besoin.
Tu te rappelles quand je t’ai parlé des projets événementiels ? Eh bien c’est sur ce troisième point que je compte me développer en 2023. L’objectif ici, est d’élargir mon réseau afin de proposer des prestations B2B et la vente de café en grain.
Longtemps délaissé, je souhaite également développer l’activité digitale via mon site et mes réseaux-sociaux pour faire profiter le plus grand nombre des Café Guzo.
Enfin, j’ai pour ambition de me rendre dans un ou plusieurs pays producteurs (Afrique ou Amérique Centrale) dans l’optique d’aller à la rencontre de producteurs et productrices de café de spécialité.
Au fait : pourquoi “Guzo” ?
“Guzo” signifie “voyage” en langue amharique (langue officielle de l’Éthiopie). Cela fait doublement sens :
- l’Éthiopie étant l’un des principaux pays producteurs de café
- le bienfait du café étant de faire voyager le consommateur à travers le monde et les saveurs
Un entrepreneur n’est jamais seul…
L'entrepreneuriat, c’est une aventure longue et difficile mais tellement enrichissante ! Le parcours n’est pas lisse mais semé d’embûches et d’obstacles.
Si certains sont faciles à surmonter, d’autres nécessitent d’être bien entouré.
Alors oui, c’est moi Romain qui a porté le projet Café Guzo en étant directement sur le terrain. Toutefois, cela n’aurait pas été possible sans ma femme qui m’a soutenu et inspiré tout au long de l’aventure, mais aussi ma famille et mes proches.
Aujourd’hui, je suis fier de dire que je suis épanoui et que j’ai trouvé ma place.
À toi qui lis cet article et qui hésite peut-être à te lancer dans l’entrepreneuriat. J’espère t’avoir convaincu qu’un changement est possible même si tu viens d’un univers lointain.
Tu peux combiner passion et travail. Le voyage ne sera pas facile. Tu devras essuyer plusieurs échecs, mais tu apprendras énormément.
Si l’aventure te tente, sache que ce sera un plaisir de t’accompagner et te faire voyager au travers d’un café.
Et si tu veux contribuer (ne serait-ce qu’un tout petit peu) à l’aventure Café Guzo, je t’invite à partager cet article, et ainsi offrir l’opportunité à d’autres de se lancer.
– Un combat ne se gagne jamais seul –